Plus de 300 ans après sa mort, Aurangzeb Alamgir, le sixième empereur de la dynastie Mughal, continue de polariser l’Inde. Son héritage, marqué par des actes de tyrannie et d’intolérance religieuse, est aujourd’hui instrumentalisé dans les tensions politiques et communautaires du pays. Cet article explore comment la mémoire d’Aurangzeb alimente les divisions et les violences sectaires en Inde contemporaine.
Un héritage controversé
Aurangzeb Alamgir, souvent décrit comme un tyran, a laissé derrière lui un héritage complexe. Accusé d’avoir brutalement persécuté les hindous et les sikhs, détruit des temples, et imposé des conversions religieuses forcées, son règne est aujourd’hui au cœur des débats politiques en Inde. Les nationalistes hindous voient en lui le symbole ultime de l’oppression musulmane, utilisant son histoire pour justifier leurs actions contre la minorité musulmane du pays.
Violences et tensions actuelles
Récemment, des affrontements sectaires ont éclaté à Nagpur, où des nationalistes hindous ont appelé à la destruction du tombeau d’Aurangzeb. Ces violences, exacerbées par la représentation d’Aurangzeb dans un film bollywoodien récent, ont conduit à des dizaines de blessés et d’arrestations, forçant les autorités à imposer un couvre-feu. Ces événements illustrent comment la figure d’Aurangzeb est utilisée pour attiser les peurs et les divisions entre les communautés.
Un personnage historique complexe
Malgré sa réputation de despote religieux, Aurangzeb était aussi un dirigeant capable, dont le règne a vu l’empire Mughal atteindre son apogée territorial. Son histoire est celle d’un homme pieux et austère, mais aussi d’un stratège politique impitoyable. Les historiens soulignent la nécessité de comprendre son règne dans le contexte de son époque, loin des simplifications et des instrumentalisations politiques actuelles.
L’Inde face à son histoire
Aujourd’hui, la mémoire d’Aurangzeb est utilisée pour réécrire l’histoire de l’Inde, effacer les contributions des Mughals, et marginaliser davantage la communauté musulmane. Cette réinterprétation de l’histoire, promue par certains groupes politiques, alimente les tensions et menace la cohésion sociale du pays. Comme le soulignent les experts, il est crucial de se souvenir que les figures historiques ne peuvent être jugées à travers le prisme des valeurs contemporaines.