Au cœur de Sidhpur, une ville historique de l’État du Gujarat en Inde, se cache une rue aux allures européennes, bordée de majestueux manoirs pastel. Ces havélis, comme on les appelle localement, sont les témoins silencieux d’une époque révolue où la communauté Dawoodi Bohra y affichait sa prospérité. Aujourd’hui, ces joyaux architecturaux, mélange unique de styles néoclassique, Art Déco et baroque avec des influences indiennes, luttent contre l’oubli et la dégradation.
Un Héritage Architectural Unique
La rue connue sous le nom de Paris Galli, ou rue de Paris, offre un spectacle insolite en Inde. Ses manoirs aux teintes pastel, allant du turquoise au rose pâle en passant par le vert pistache, rappellent l’opulence d’une communauté marchande qui a su marier les influences européennes et indiennes dans son architecture. Ces bâtiments, construits principalement en bois pour résister aux séismes, sont ornés de portes sculptées, de fenêtres jharokha en saillie et de toits à pignons, témoignant d’un savoir-faire artisanal exceptionnel.
Une Communauté aux Racines Lointaines
Les Dawoodi Bohras, une secte musulmane chiite originaire d’Égypte, se sont établis à Sidhpur au 11ème siècle. Leurs liens commerciaux avec l’Europe ont influencé leur architecture, créant un paysage urbain harmonieux et uniforme, grâce à des règles d’urbanisme strictes inspirées par le planificateur écossais Patrick Geddes. Ces manoirs, autrefois symboles de richesse, sont aujourd’hui pour la plupart abandonnés, leurs propriétaires ayant émigré après l’indépendance de l’Inde.
Un Patrimoine en Péril
Malgré leur beauté et leur importance historique, beaucoup de ces havélis sont aujourd’hui en ruine, pris dans des batailles juridiques ou démolis pour faire place à des constructions modernes. Des initiatives comme le Sidhpur Heritage Collective tentent de documenter et de sauver ces bâtiments, mais manquent de soutien financier et législatif. Leur espoir ? Transformer ces manoirs en hébergements touristiques pour préserver leur héritage.
